»Disons d'abord les choses clairement: je suis un «gaulliste inconditionnel». Et puisque je fais ici cet aveu compromettant, aux conséquences imprévisibles pour moi et ma famille, je tiens à donner ici la définition du «gaulliste inconditionnel» à laquelle je me suis efforcé de rester fidèle depuis juin 1940. Un «gaulliste inconditionnel» est un homme qui s'est fait une certaine idée du général de Gaulle, comme le général de Gaulle «se fait une certaine idée de la France». Dès que les deux conceptions cessent de coïncider, les liens sont rompus. Il s'agit donc bien plus d'une fidélité du général de Gaulle qu'au général de Gaulle. Fidélité à quoi? À «une certaine idée de la France», justement, qu'il avait présentée aux Français libres bien avant de l'avoir formulée dès les premières lignes de ses Mémoires. Et cette idée, cet idéal — «la madone des fresques, la princesse des légendes» — est, par définition, incompatible avec une France du mensonge ou de la propagande tendancieuse».