Une histoire généalogique de la morale, de nos «préjugés moraux», tel est le projet auquel s'attelle Nietzsche (1844-1900) dans La Généalogie de la morale (1887), un de ses livres les plus importants et les plus célèbres, rédigé à la suite de Par-delà le bien et le mal, Nietzsche renonce ici à l'écriture par aphorisme, et compose son ouvrage en trois dissertations (I. «Bon et méchant», «Bon et mauvais» ; II. «Faute», «Mauvaise conscience» ; III. «Que signifient les idéaux ascétiques?»): par cette généalogie des valeurs morales se trouve dévoilé le travail souterrain de la volonté de puissance à l'œuvre dans l'histoire des hommes. Ce que Nietzsche offre alors au lecteur qu'il appelle de ses vœux, ce lecteur capable de «rumination», ce sont les moyens de s'affranchir de l'idéal ascétique qui, de la religion, a gagné l'art et la science, pour pouvoir ainsi surmonter le nihilisme contemporain.