«Quand je regarde mon père, cette chair molle livrée aux loups, ma gorge se noue. Il traîne dans le marché couvert. Il va attendre la nuit pour rentrer. C’est toujours cette lassitude à l’idée de devoir ouvrir la bouche, dire bonsoir, ce mal dans la peau, mal à ses membres lourds, ce sommeil aux aguets, prêt à l’abattre en plein vol». Il a dix ans. Il redoute que survienne un drame entre ses parents. Jusqu’au jour où, las de leurs gesticulations, il accomplit en toute innocence un acte libérateur. Voilà comment on devient un méchant garçon, bien dans sa peau, de loin supérieur aux siens dans l’art de faire mal. Voilà comment on poursuit sa course jusqu'à devenir l’homme qu’on va devoir être.