»Quelle fille excitante que Zénaïde!», écrit Flaubert à Tourguéniev à propos de Premier amour. «C'est une de vos qualités de savoir inventer les femmes. Elles sont idéales et réelles. Elles ont l'attraction et l'auréole». L'auréole de Zénaïde, le prototype de la jeune fille russe, capricieuse, insaisissable, irrésistible, le «premier amour» 'du narrateur (Tourguéniev lui-même) qui trouvera en son père un rival heureux. L'auréole de Lise, une «mouette» déjà, l'héroïne de Nid de gentilhomme, histoire d'un amour impossible, analyse désenchantée du conflit qui déchire les Russes cultivés du milieu du siècle dernier entre la fascination de l'Occident et l'amour-haine du pays natal. Et aussi, telle que Tourguéniev en a été le poète par excellence, la «nature nue et sauvage de la steppe fraîche et grasse» avec ses «longues crêtes mamelonnées, ses ravins garnis de buissons de chênes nains et ses petits villages gris».